CONGRES 2015 DU PRG A MONTPELLIER

CONGRES 2015 DU PRG A MONTPELLIER

J'ai participé au congrès annuel 2015 du PRG, Parti Radical de Gauche  qui s'est tenu à Montpellier, en présence du Président Jean-Michel BAYLET des présidents des groupes parlementaires Jacques MEZARD et Roger-Gérard SCHWARTZENBERG ainsi que de très nombreux militants.

Voici les textes des discours du Président du groupe RDSE au Sénat, Jacques MEZARD, groupe parlementaire dont je suis membre aux côtés des autres sénateurs Radicaux de Gauche et de Jean-Michel BAYLET, Président du PRG :

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" Chers Amis,
Mesdames et Monsieur les Ministres que je salue,
J'ai toujours de l'émotion à intervenir devant vous parce que notre relation dépasse le cadre de la simple action politique, elle ressort de l'affectif vis-à-vis d'une sensibilité qui a toujours accompagné fusionnellement ma vie publique.
Commençons par l'épilogue. Tout à l'heure, nous réélirons Jean-Michel à la Présidence et ce sera le moment de mesurer avec sérénité tout ce qu'il a apporté au PRG. Si notre parti peut tenir ce 100ème congrès avec l'intervention de trois ministres et deux présidents de groupe, Jean-Michel y est pour beaucoup et nombre de ceux qui exercent des responsabilités ou y aspirent ne sauraient l'oublier.
Jean-Michel, pour ne pas toujours avoir été d'accord avec toi, pour ne point t'être redevable de mes succès électoraux, permets-moi de te remercier, au nom d'une amitié devenue profonde, de ce que tu as fait pour que le Radicalisme vive.
Dans l'histoire de notre République, un 100ème congrès c'est unique. Soyons-en fiers. Demain sera un autre jour, c'est dans l'après mai 2017 que l'on jugera celles et ceux en charge des responsabilités du Parti, que l'on aura davantage besoin de courage, de repères, de sens de l'Etat. A ce moment, je tiens à saluer le travail de Guillaume Lacroix qui marie intelligence, diplomatie et conviction avec un talent qui mérite vos applaudissements. J'en ai terminé avec les compliments !
Je dois vous rendre compte, en tant que président du groupe RDSE, fort à nouveau de 17 membres, avec une ossature radicale et une tradition d'accueil de sensibilités diverses mais compatibles. Raymond Vall est de retour, sénateur ressuscité avec divers concours dont celui de ceux qui l'avaient poignardé voici un an au mépris des accords signés au plus haut niveau.
Amis radicaux, n'ayez aucune illusion sur la valeur des parchemins électoraux : pour nos partenaires, ce sont des chiffons de papier.
Je n'oublie pas dans quelles conditions aux sénatoriales 2014 Jean-Michel, François Huwart, Raymond Vall et d'autres avaient été battus par nos chers alliés et voici onze mois, la question était : « faut-il sortir du gouvernement ? ».
Lors du forum du PRG voici 10 mois, je vous disais ma confiance à conforter le RDSE, engagement tenu : nous sommes 17 sénateurs et ce n'est qu'une étape!
Au Sénat, notre groupe est respecté, l'estime du pouvoir exécutif n'est pas à son plus haut niveau et c'est un euphémisme.
La place que nous occupons au Sénat découle du travail de toute l'équipe et de notre liberté, laquelle, dans l'héritage de Clémenceau, de Monnerville, est le ciment de notre action.
Liberté, il n'est de plus beau mot dans notre langue. Cette liberté, le RDSE l'a exprimée sous la présidence Sarkozy, nous l'exprimons sous l'actuelle présidence, avec loyauté, par le vote des budgets, des textes les plus symboliques : mariage pour tous, fin de vie, soutien à la loi Macron, mais je le dis clairement : nous continuerons à porter les combats qui nous sont chers quelles que soient les pressions amicales ou inamicales !
Je ne renie rien du combat que nous avons mené sur le cumul, du combat contre une réforme territoriale ratée, salmigondis de textes qui s'entrechoquent dont l'application sur le terrain démontre l'incohérence et hélas un profond mépris des élus locaux injustement décriés, et ce n'est pas l'honneur de la gauche de favoriser ce concert, fausse note de l'harmonie républicaine !
Il est grave de constater que le pouvoir a été largement confisqué par une haute fonction publique, certes compétente, mais à l'origine d'une diarrhée législative et règlementaire unique au monde, devenue mortifère et contre laquelle aucun constipant ne s'est révélé efficace ! Cette Nomenklatura en phase avec son pendant bruxellois entraine l'asphyxie du Pays, aggravée par un pantouflage quasi institutionnel.
Il appartient à la démocratie représentative de reprendre le pouvoir. Pour cela il faut modifier les institutions.
Tocqueville disait : « Le plus grand soin d'un gouvernement devrait être d'habituer le peuple à se passer de la loi. »
Oui, il existe une fracture entre les citoyens et tous les pouvoirs et plus on éloignera les citoyens des centres de décision, plus cette crise deviendra violente. Pour cela d'ailleurs, la réforme territoriale a des effets pervers parce qu'elle poursuit la destruction du lien de proximité tant géographique qu'humain.
La percée du Front National, nous les partis démocrates, nous en sommes tous responsables !
On ne combat pas le FN simplement par des anathèmes mais par des actes. Entendons les inquiétudes, les peurs, souvent les souffrances de celles et ceux qui pensent trouver refuge dans le vote extrémiste sans avoir aucune notion de la signification de l'idéologie d'extrême droite, de ses relents racistes voire fascistes, mot abstrait pour de nouvelles générations auxquelles l'école de la République ne sait plus apprendre l'histoire et le civisme.
Les français égarés dans le vote FN ont peur que demain soit plus difficile qu'aujourd'hui.
Ils attendent davantage d'écoute pour leurs difficultés du quotidien au niveau du chômage, des fins de mois. Ils ont soif de sécurité même lorsqu'ils ne connaissent l'insécurité que par l'irresponsabilité des chaînes de télévision. Ils ont peur de la bureaucratie européenne, d'une Europe devenue si large qu'ils ne connaissent plus le nom de ses capitales. Ils ont peur de voir notre Nation se dissoudre dans un espace européen invertébré gazeux.
Ils ont besoin d'être rassurés par un exécutif qui leur parle vrai, qui leur délivre une vision claire et forte de la Nation en restaurant la confiance dans un Pays qui a un immense potentiel s'il croit en son avenir !
Mes amis, c'est pour tout cela que notre parti ne doit et ne peut être vécu comme un appendice d'un Parti Socialiste en voie de délitement, lequel distribuerait quelques friandises en période électorale. Cela n'a aucun sens, cela n'est digne ni de notre histoire ni de nos convictions.
Nous vivons un 100ème congrès parce que notre existence est consubstantielle à la République.
Nous ne sommes ni socialistes, ni libéraux, ni démocrates-chrétiens, nous sommes des républicains laïcs radicalement Républicains et laïcs.
Nous devons porter un message : le nôtre parce qu'il est différent et que nous l'avons rendu trop souvent inaudible par facilité voire par manque de courage.
Ce message, passé les Régionales douloureuses, ne saurait être absent de l'élection présidentielle de 2017.
C'est, sous la Vème République, l'élection hélas dont tout dépend.
La présence de Christiane Taubira en 2002, celle de Jean-Michel Baylet aux primaires de 2012 l'ont démontré. Nous devons être présents en 2017 avec un message clair autour de quelques thèmes fondamentaux illustrant notre particularité, nos convictions et notre vision moderne de l'avenir.
 En premier lieu le débat sur les institutions :
le régime actuel est à bout de souffle, il conduit à des crises graves voire au pire après l'échec des alternances successives.
Ce régime constitutionnel, nous l'avons combattu depuis 1958 et la montée de
l'extrême droite bouleverse un faux équilibre rejeté par les français qui ont compris que les divergences sur les grands dossiers traversent les deux partis dominants en leur sein, les majorités devenant des majorités de conquête électorale, incapables d'avancer car entravées dans leurs contradictions internes : « Macron ne rime pas avec Hamon » et c'est pareil de l'autre côté. Nous devons être à la pointe d'un combat pour modifier la Constitution qui a fabriqué une monarchie républicaine, un déséquilibre absolu de nos institutions, un affaiblissement dramatique du Parlement, un danger pour notre vie démocratique. La stabilité d'un Gouvernement n'est pas antinomique avec un vrai contrôle du Parlement. L'Angleterre, l'Allemagne le démontrent.
 Nous devons être intransigeants sur la laïcité, nous en sommes les combattants, aucune concession ne doit être tolérée et j'enrage de constater que l'observatoire de la laïcité n'est qu'un édredon absorbant le cri laïc dont le comble est d'être détourné à son profit par l'extrême droite. La montée des communautarismes est un danger mortel pour la République que nous aimons, l'Etat doit être intransigeant.
 Nous devons faire tomber les tabous sur l'économie et l'emploi. Il est pathétique de voir un ministre recadré dès qu'il prononce une phrase interdite par la Bible Solphérinienne version 1910 rectifiée. Radicaux, nous voulons un Etat interventionniste dans les secteurs clefs de l'industrie et des services publics, un Etat qui évite le gâchis d'Alcatel, un Etat qui fait du maintien et du développement des industries de production une priorité nationale.
Mais en parallèle, il convient de donner de la liberté aux entreprises engluées,
écoeurées par les normes, les règlements, dont un Code du Travail devenu un boulet, les PMI en étant les principales victimes ce qui fait le bonheur de nos concurrents étrangers. Soyons clairs : la loi Macron est un message médiatique dont l'application sur le terrain sera mesurée. Libérer l'économie est une urgence. Faisons-le dans le respect des salariés avant que d'autres ne le fasse dans le seul intérêt du profit !
 Nous devons faire une vraie priorité nationale des budgets de la recherche et l'innovation industrielle, ce qui implique tous les secteurs. La France a d'immenses talents, mais elle recule quand ses chercheurs partent à l'étranger. Les mutations considérables dans le secteur de l'énergie et du numérique constituent une chance exceptionnelle pour une Nation qui a des secteurs d'excellence dans le nucléaire, l'électricité, l'aéronautique, les transports. Fixons-nous des enjeux à 10 ans sur les transitions énergétiques, sur le développement accéléré de l'énergie hydrogène, la fibre optique, le numérique. Donnons confiance à la Nation en lui fixant des objectifs rassembleurs, catalyseurs d'énergies.
 Quant aux réformes sociétales : nous en avons toujours été les précurseurs et nous le resterons. De l'IVG à la fin de vie, en passant par la bioéthique, n'ayons pas peur de bousculer l'obscurantisme. Je ne peux conclure sans dire un mot sur l'Europe. Le désamour des français à son égard est une tragédie. Le fonctionnement de son institution, le fonctionnement de l'euro posent problème. L'éloignement de la Russie, de la Turquie, posent problème. C'est un enjeu primordial pour notre avenir et la France, son gouvernement, doivent avoir un rôle moteur pour convaincre nos partenaires d'une nécessaire remise à plat.
Mes amis radicaux, notre histoire est belle. Il nous appartient, par notre travail, notre volonté, notre courage, de l'inscrire dans l'avenir. N'ayez jamais peur de perdre une élection, il n'est qu'un risque en démocratie, c'est de perdre ses convictions.
Portons nos valeurs, elles ont du sens parce que ce sont celles de la Nation, de la République.

 

Discours de J.M. BAYLET :

« Mes Chers amis,

Le Premier Ministre et tous nos invités comprendront qu'à la fin de ce beau Congrès, je m'adresse d'abord aux radicaux.

Surtout pour vous remercier, toutes et tous, de vous être mobilisés en nombre, une fois de plus, pour démontrer par votre présence militante et par la grande qualité de vos contributions, la vigilance civique, l'engagement public et l'actualité persistante du message radical qui éclaire la République depuis si longtemps. Contre tous ceux qui voudraient archiver le radicalisme dans la mémoire historique de notre pays, vous avez réaffirmé la modernité de nos idées et l'importance du rôle que vous entendez jouer, et que vous jouerez dans notre vie politique.

Merci aussi à notre fédération de l'Hérault, à ses voisines du Languedoc Roussillon, cette région promise au plus beau des mariages, celui du Grand Midi républicain, d'avoir organisé, avec les infatigables permanents du parti, notre grand rendez-vous, et de l'avoir fait dans les meilleures conditions.

Mais je voudrais surtout m'adresser au travers de nos fédérations et de leurs délégués, à tous les militants radicaux puisque j'ai sollicité la confirmation de leur confiance. Une fois de plus, dira-t-on peut être. Et bien oui ! Une fois de plus, et la dernière. Je réponds par avance à ceux qui pensent, dans le meilleur des cas, que je voudrais suivre l'exemple d'Edouard Herriot qui fut Président à vie, ou dans le pire, que j'ambitionnerais de battre le record de longévité de la reine d'Angleterre.

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Dans ma lettre de candidature, j'ai exposé les raisons du nouveau contrat que je vous propose pour trois ans et que vous venez d'accepter. Je veux vous exprimer mon infinie gratitude pour la confiance que vous venez de me manifester. J'aurai dans les semaines à venir beaucoup d'occasion de vous dire mon estime affectueuse en retour mais à l'heure qu'il est, devant nos invités et devant nos amis de la presse, je veux vous faire part tout simplement de mon bonheur. Merci, amis radicaux.

Bonheur immense d'être avec vous bien sûr je viens de vous le dire.

Bonheur aussi de recevoir le Premier Ministre de la France ici, ce matin, parmi nous.

Manuel, nous sommes sensibles à ton attention envers les radicaux mais aussi et peut être surtout, sensibles aux efforts courageux que tu fais pour redresser la France qui était en 2012, nous ne l'avons pas assez dit, dans un état critique. Merci au Premier Ministre d'être parmi nous. Pour la clôture de notre Congrès.

Permettez-moi aussi de saluer celles et ceux qui ont répondu également à notre invitation :

Le Parti Socialiste avec Christophe Borgel, Thierry Cotelle et Fatiha Boudjahlat du MRC, Jean-Luc Bennahmias du Front Démocrate, Robert Hue du MDP, Jean-Paul Alduy du Parti Radical, France Gamerre et Yves Pietrasanta, de Génération Ecologie,

Ainsi que les syndicats et les représentants associatifs qui sont également parmi nous ce matin.

Et je veux aussi saluer la présence de Damien Alary, Président de la région Languedoc Roussillon et de son vice-président radical, Didier Codorniou.

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Lorsque nous proclamons, dans un Congrès, que la période est difficile, les convulsions politiques inquiétantes, les tensions internationales explosives et les signes avant-coureurs de grands séismes repérables chacun peut avoir l'impression qu'il s'agit d'une figure de style, presque toujours la même.

C'est que notre monde, à notre porte, en France, en Europe et sur toute la planète est installé dans la crise. Comprenez bien, mes amis, nous appelions « crises » ce qui nous apparaissait comme des pics de désordre, des moments difficiles à dépasser, des séquences de syncope dans la circulation normale des hommes et de leur liberté.

Cette vision est aujourd'hui dépassée. Que les crises soient économiques, monétaires, énergétiques, environnementales ou migratoires, elles ne cesseront plus. La crise, c'est-à-dire le désordre, est devenu malheureusement notre cadre permanent.

Et j'y insiste en m'armant de l'humanisme des radicaux. Car pour nous, hommes et femmes de progrès, la problématique humaine est illimitée. Quels que soient les sujets, nous ne croyons pas aux prophéties de l'apocalypse, à ces pronostics d'un monde fini, incapable de répondre aux nouveaux défis, peuplé d'hommes incapables d'être sujets de leur destin et ballotés dans la fatalité du chaos.

Bien au contraire, la crise permanente qui nous bouscule nous impose de sortir de nos habitudes, d'abandonner nos dogmes, d'inventer des solutions nouvelles sans tabou et sans aucune peur. Oui c'est bien aujourd'hui qu'il nous faut réinventer l'idée de progrès.

Et cette approche, révolutionnaire pour les concepts et réformiste pour la méthode, nous devons l'adopter dans tous les domaines, même si les contraintes de notre agenda m'imposent de n'évoquer ce matin que quatre grandes questions : la situation politique de notre pays, le rôle de la gauche réformiste rassemblée, l'état de notre monde et de notre Europe, la crise migratoire enfin qui est le révélateur de tous les autres problèmes.

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Voyons donc quelle est aujourd'hui la situation politique de la France.

Je le dis tout net, la République ne se reconnait plus.

S'il ne s'agissait que des grandes libertés publiques et des libertés individuelles, un simple démocrate pourrait s'accommoder de l'état de la France. Notre pays vote. Sa presse est libre. Toutes les opinions peuvent s'exprimer quand leur expression n'enfreint pas la loi. La majorité respecte l'opposition même si elle n'est pas payée de retour. Bref, la France est une démocratie.

Mais la République ne se confond pas avec la démocratie. Celle-ci est un état, celle-là est un projet. Un projet jamais achevé, toujours réinventé, un horizon qui s'éloigne à la mesure des avancées des hommes, une marche sans fin.

Et précisément, le chantier des libertés ne peut être sans cesse repoussé. A l'automne dernier, je vous ai dit, Monsieur le Premier Ministre, je t'ai dit, Cher Manuel, l'extrême souci qu'avaient les radicaux de voir la France progresser vers un véritable droit de mourir dans la dignité. Des affaires retentissantes ont montré que nous avions encore du chemin à faire.

Et je pourrais dire la même chose dans les domaines des biosciences où il faut vaincre nos peurs médiévales devant les espaces immenses ouverts par les recherches sur le vivant. Et tant d'autres sujets qui sont là pour nous prouver que nos libertés ne sont pas enfermées dans une cassette conquise en 1789 mais qu'elles constituent un incessant mouvement vers la lumière.

L'égalité républicaine souffre, elle aussi, même si les radicaux, attachés à l'égalité des droits, préfèrent parler de justice.

La crise économique et la récession durable qu'elle a engendrée ont mis à mal le principe d'égalité. J'entends bien ceux qui, de bonne foi pour la plupart, voudraient corriger sans délai les inégalités sociales en redistribuant tout ce que la France qui se redresse n'a pas encore produit. Je leur dis que c'est une illusion, que si nous ne nous engageons pas résolument sur la voie des réformes économiques et sociales qui désarmeront nos dogmes, il n'y aura ni New deal pour notre société ni Bad Godesberg pour notre vie politique.

Pourquoi d'ailleurs aller chercher dans le passé, 80 ans pour l'Amérique, bientôt 60 pour la gauche Allemande, nos espérances et nos références? C'est au contraire une égalité du XXIème siècle que nous devons inventer. Une égalité active, des droits assortis de devoirs, une réhabilitation du citoyen responsable et acteur du changement. L'égalité n'est pas un quelconque droit sur la société mais la juste rétribution de l'effort de chacun pour un grand élan commun.

La droite qui se prétend républicaine pense – et l'affirme désormais sans le moindre scrupule - qu'on peut redynamiser notre pays en supprimant les droits hérités des luttes sociales anciennes. Les extrémistes qui se prétendent de gauche ne craignent pas de soutenir qu'on pourrait initier le progrès social sans aucun égard pour les contraintes économiques.

Les radicaux pensent quant à eux, avec tous les progressistes réformistes, que c'est en mettant le développement de l'économie au service de l'épanouissement humain que nous aurons honoré notre dette politique envers la société.

Et que dire de la fraternité ? Quand on voit la droite courir derrière l'extrême droite pour exalter l'exclusion, toutes les formes de division et, à la fin, nourrir la haine de l'autre, puis la haine de l'autre Français, et, comme résultat, la haine de soi, de notre pays, de son génie, de son passé et de son potentiel d'avenir ?

La France a toujours été forte quand elle était unie. Elle s'est toujours affaiblie et parfois ruinée, quand elle se divisait. Ce processus délétère n'aura pas de fin si nous le laissons courir. Car lorsque nous aurons éliminé, ce qu'à Marianne ne plaise, l'immigré, l'étranger, le basané, le musulman, le plombier polonais, le voisin allemand, il restera toujours un autre à détester, cette figure de l'Autre qui résume l'unité fondamentale de la condition humaine.

Et je ne vois pas, pour ma part, de différence entre les allumeurs de tous les bûchers de l'intolérance et ceux qui nous invitent à un repliement dans l'inconfort de nos égoïsmes.

La frontière ? Elle est celle du nationalisme, elle sera demain celle du régionalisme, celle du communautarisme, celle des catégories sociales éternellement figées, et puis pourquoi pas celle des bruns et des blonds.

La fraternité devrait être une évidence, celle qu'on remarque, lumineuse, joyeuse, souriante, dans les cours de nos écoles désormais infiniment bigarrées. Elle n'est plus cette évidence qui caractérise l'humanité. Et la gauche moderne doit, là aussi, réinventer la fraternité de ce siècle sans faire la moindre concession aux professionnels de la division.

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Nous ne gagnerons aucune élection en admettant que ceux qui nient l'essentiel, l'âme même de la France peuvent avoir raison, si peu que ce soit. Ils ont tort, disons-le bien fort. La fraternité et la solidarité ne sont pas de simples devoirs ou des punitions. Elles garantissent notre progrès collectif. Dois-je citer Alexandre Dumas, Félix Eboué, Aimé Césaire, ou Gaston Monnerville pour prouver que celui-là même qui a les apparences de l'autre porte le meilleur de nous ?

Mais, en serions-nous là, libertés en plan, égalité gravement fissurée, fraternité presque oubliée si notre pays n'avait perdu en bonne partie son repère essentiel, je veux dire la laïcité ?

On me dira qu'on n'a jamais autant parlé de laïcité. C'est précisément ce qui m'inquiète. J'entends parler, ici et là, de laïcité positive, de laïcité moderne, de laïcité assouplie, que sais-je encore ? Notre laïcité n'a besoin d'aucun objectif. Elle est le principe vertébral de la République et les radicaux ne transigeront jamais là-dessus.

J'entends aussi parfois Mme Le Pen, croisée de la lutte contre l'Islam, Monsieur Sarkozy, l'homme du discours de Latran et tous leurs suiveurs se poser comme ses premiers défenseurs. Il faudrait en rire si nous ne débordions pas de colère.

Rappelons à ces laïcs de la 25ème heure que la pensée laïque n'est pas un outil de combat anti religieux. Elle est, au contraire, la garantie donnée par la neutralité des institutions publiques, de la liberté de conscience de chacun. Elle met l'école à l'abri des influences confessionnelles mais aussi des pressions idéologiques ou économiques. Notre laïcité est au service de l'intégration dans la communauté nationale et lorsqu'elle est brandie comme une arme d'exclusion c'est toujours par des malhonnêtes et des manipulateurs.

Les radicaux ont bien sûr à l'égard de la laïcité des devoirs particuliers pour l'avoir inventée. Sans céder en rien à l'air du temps, ils réaffirment leurs principes inchangés. Il n'y a là rien à moderniser et j'organiserai prochainement, en accord avec tous nos partenaires politiques, actuels ou futurs, un Tour de France de la laïcité pour réaffirmer qu'elle n'est pas le plus petit dénominateur commun des influences qui s'exercent contre l'école et contre la neutralité de nos institutions. Elle est synonyme de liberté et tient en une règle simple : la loi doit respecter la foi mais la foi ne doit pas dicter la loi.

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Ces réflexions idéologiques m'amènent à la question de l'état de la gauche et de ses responsabilités.

Et rappelons-nous d'abord les enseignements de François Mitterrand. Il nous l'a dit et nous l'a montré : la gauche est forte quand elle est unie et c'est seulement après avoir réalisé son unité qu'elle peut s'ouvrir à d'autres courants. C'est exactement le double travail qui nous attend.

Jean-Christophe Cambadélis a présenté, voici quelques jours, ses propositions, encore imprécises, pour ce qu'il appelle « une nouvelle gauche politique et citoyenne ». A cette occasion, il a surligné qu'il fallait, je cite, « dépasser le parti socialiste car nous estimons ses réponses et son organisations datées ». Je ne l'aurais sans doute pas dit aussi bien mais, après tout, on n'attend pas de moi que je sois plus socialiste que le parti socialiste...

Quant au projet d'une « nouvelle alliance », il m'est tellement familier que je me rappelle avoir publié, en 1985, un ouvrage portant ce titre.

Alors, soit ! On nous propose une « nouvelle gauche politique et citoyenne » et nous adhérons à ce projet. Mais il comporte plusieurs phases.

La première consiste à consolider nos accords actuels. A l'évidence, les radicaux sont les seuls partenaires loyaux des socialistes au sein de la majorité. Même lorsque le PS perd les voix de ses frondeurs sur les grands textes du quinquennat, il peut toujours compter sur la solidarité des parlementaires du PRG.

A ce titre, je tiens à remercier nos parlementaires qui œuvrent courageusement à l'Assemblée Nationale et au Sénat afin de porter haut et fort les valeurs du radicalisme, avec une mention toute particulière à Roger-Gérard et Jacques qui ont la lourde tâche de présider aux destinées de ces deux groupes.

Remercier aussi nos ministres : Sylvia, Annick et Thierry qui mettent leurs qualités remarquables, leurs déterminations et nos particularités, au service de la France. C'est une mission exaltante et il n'est pas exagéré de dire qu'ils sont tous notre fierté.

Pour autant, la constance des radicaux leur vaut-elle une gratitude politique et électorale ?

Je ne reviendrai pas sur les accords extravagants entre le PS et les Verts. Sans égard pour l'influence réelle des écologistes, on leur a accordé de véritables faveurs dont la contrepartie devrait être une solidarité sans faille au sein de la majorité. Nous connaissons le résultat de ce savant calcul.

Aujourd'hui, nous avons devant nous, dans moins de trois mois, l'échéance redoutable des élections régionales où les effets classiques de balancier et de désamour de la majorité en place sont aggravés par la persistance de la crise et le sentiment d'abandon qu'éprouvent nos concitoyens. Et ce sera aussi l'épreuve du feu pour les nouvelles régions voulues par le Président de la République et que les Français apprécieront au-delà des humeurs du moment.

Dans cette perspective et au prix d'efforts acharnés de nos équipes de négociation et de nos responsables respectifs, les radicaux et les socialistes sont parvenu à un accord équilibré. Encore faudrait-il l'appliquer scrupuleusement. Et nous en sommes toujours trop loin.

C'est la raison pour laquelle, vendredi soir, j'ai proposé au Comité directeur qui m'a suivi à l'unanimité, de reporter la désignation des candidats qui défendront nos couleurs aux élections régionales.

En effet, il semble bien qu'il y ait, même au 21ème siècle, des difficultés graves de transmission entre Solferino, les fédérations et les chefs de file socialistes en province.

Beaucoup prétendent ne pas être au courant de la réalité des accords conclus entre Jean-Christophe Cambadélis, et moi-même, au plus haut niveau après le travail difficile et remarquable de Guillaume Lacroix et Christophe Borgel. Et je veux rendre un hommage appuyé à Guillaume qui a rendu toute sa noblesse à la fonction de Secrétaire Général et qui ferraille vaillamment face au meilleur du PS en matière électorale.

Alors, je le dis ce matin, ici, à la tribune de notre congrès, avec force : quand on porte les couleurs de la gauche, la moindre des choses c'est de tenir ses engagements, de respecter la parole donnée et d'honorer les contrats scellés.

C'est ce que nous, Radicaux, faisons depuis 2012, avec le pacte majoritaire passé au soir du premier tour des primaires, et nous exigeons la réciproque à notre loyauté sans faille.

Alors, je l'espère sincèrement, après la consolidation de nos accords, nous pourrons passer à la deuxième phase, celle du regroupement de toutes les organisations et de toutes les personnalités qui appartiennent isolément à la majorité ou se situent à ses lisières. Je veux parler des communistes réformateurs, des écologistes sincères, des centristes déboussolés par l'alignement de la droite sur les thèmes de l'extrême droite, mais aussi de tous les élus, de tous les responsables associatifs aux syndicaux, et aussi des chefs d'entreprises, de toutes ces personnes authentiquement progressistes mais qui ne se reconnaissent dans aucun appareil.

Et déjà nous avions créé il y a 4 ans le Pôle Radical et Ecologiste avec nos amis de GE, et oui les radicaux ont toujours un temps d'avance. Car déjà nous avions compris eux et nous qu'il fallait œuvrer à la construction d'une écologie de Raison indispensable à la Gauche.

L'appel de Jean-Christophe Cambadélis est clairement adressé à tous ceux que je viens de citer. Mais je veux faire un rappel et poser une question aux dirigeants socialistes. Depuis la FGDS de François Mitterrand, le PS n'a jamais tranché une question stratégique pourtant cruciale.

Doit-il constituer une majorité de rassemblement en laissant vivre ses partenaires pour l'élargir ? Doit-il au contraire - et ce projet n'a rien d'infamant- faire le choix de devenir un grand parti démocrate et réformateur ayant à lui seul une vocation majoritaire ?

Vous l'avez tous deviné, la préférence des radicaux va vers la première solution qui multiplie notre efficacité en laissant vivre toutes les sensibilités. C'est pourquoi j'estime qu'il appartient aujourd'hui au PRG de prendre l'initiative du rassemblement de tous les non socialistes en respectant tous les courants de pensée et en proposant une organisation équitable, novatrice, non autoritaire et décentralisée. Pas une fédération ou une confédération pyramidale mais bien plutôt un réseau, de type coopératif et doté d'une organisation moléculaire.

Le PRG fera donc, dans les prochaines semaines, des démarches multiples pour aboutir à la constitution de ce réseau car au-delà des spéculations du moment, souvent vaines, nous estimons qu'aucune voix du camp du progrès ne doit manquer à François Hollande en 2017. J'en prends ici l'engagement.

Car ce rassemblement est urgent. Et c'est seulement lors de l'élection Présidentielle, comme toujours dans l'histoire de la Vème République, que viendra le temps de la troisième phase, celle de l'ouverture de la gauche ou plutôt de son recentrage.

Il s'agit d'un chantier capital : il faut déplacer le centre de gravité de la majorité. J'ai eu l'honneur de défendre cette position, en compagnie de Manuel Valls, lors des primaires de 2011. Avec un résultat modeste pour lui et médiocre pour moi. Et voilà que, quatre ans plus tard, les faits qui ne se laissent enfermer dans aucune idéologie, nous donnent raison. Il est devenu impératif de sortir des frontières de la gauche partisane pour dialoguer enfin avec tous les réformistes sincères.

D'ailleurs de façon très curieuse, le mot « réformateur » a, pour certain, un sens vaguement péjoratif. On trouverait, d'un côté, la gauche pure et dure accrochée à ses dogmes, comme la moule à son rocher et, de l'autre, une gauche social- traitre ou sociale-libérale qui aurait renoncé à ses catéchismes pour engager notre pays sur la voie de la réforme.

Pour ma part, j'ai déjà dit que j'acceptais très volontiers d'être considéré comme un libéral radical, si ceci renvoie à une culture politique de la solidarité comme ciment politique Français et si le vocable « libéral » fait référence à une vie économique enfin débarrassée de l'interventionnisme d'Etat et de ses excès.

Je comprends bien que l'on puisse avoir la nostalgie du Front Populaire, des ateliers protégés, et, plus près de nous, de la DATAR ou du Commissariat au Plan, symptômes entre autres de l'omnipotence d'Etat. Je respecte ce passé pour ce qu'il est mais je n'en ai pas la nostalgie. Et je dirai, si on me le permet une citation peu dans mes habitudes, ce que Poutine dit de l'URSS : ceux qui ne pleurent pas l'économie administrée n'ont pas de cœur ; ceux qui la regrettent n'ont pas de tête.

Car ce n'est pas faire œuvre de progressisme que d'accorder une sorte de statut de « vaches sacrées » aux entreprises publiques lorsqu'elles sont dans le secteur concurrentiel, au code du travail qui conserve toutes les moraines des temps anciens, au repos hebdomadaire lorsque les salariés exigent d'y renoncer, à la durée légale du travail lorsque, là encore, les employés eux-mêmes demandent plus de souplesse, ou même de sacraliser le dialogue entre les partenaires sociaux si les syndicats – ouvriers et patronaux- ne mènent pas, eux aussi dans le même, un travail de réforme en profondeur pour prouver qu'ils ne représentent pas seulement leurs propres intérêts.

Oh je sais que mes propos peuvent heurter beaucoup d'entre vous mais il n'existe pas de volonté réformatrice si nous ne sommes pas prêts à transgresser les tabous.

Et il s'agit là d'une nécessité politique de court terme et de la responsabilité des radicaux dans la construction d'un monde meilleur.

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J'ai évoqué l'élection Présidentielle de 2017, et, vous l'avez compris, je l'ai fait avec un optimisme de militant. Ma conviction s'énonce facilement : je vois que l'addition des conservatismes – de droite, d'extrême droite, d'extrême gauche – peut produire une majorité arithmétique (les sondages nous le répètent quotidiennement) mais qu'elle ne peut générer une majorité de gouvernement.

Et c'est donc là, en 2017, que se dégagera ce vaste rassemblement des réformateurs de progrès. J'en suis certain. Et les radicaux doivent mettre toute leur force pour aboutir à cette nouvelle configuration politique qui ne sera pas centriste, mais centrale.

Je crois vraiment qu'il y va de l'intérêt du pays.

La globalisation de l'économie mondiale nous a en quelque sorte pris par surprise. Nous n'en avions prévu ni l'ampleur ni la soudaineté. La France, qu'il s'agisse de ses dirigeants, de ses citoyens ou de ses entreprises, a cru qu'elle pouvait se reposer sur des schémas éprouvés dans le passé.

Mais le monde ne ressemble plus à la vision que nous en avions. La communication universelle instantanée, la numérisation de toutes les informations, l'émergence puissante de pays concurrençant l'ancien monde développé, tout cela nous impose de réformer notre système d'administration publique, notre vision de l'entreprise et notre système de solidarité sociale.

Et c'est à ce prix, celui d'une réforme sans interdits, que la France conservera sa place dans le peloton des nations.

La réforme n'est évidemment pas une religion. On ne réforme pas pour réformer. Il y faut une méthode et c'est précisément celle des radicaux. La raison, le doute, l'expérimentation, tels seront les outils que nous apporterons à ce vaste chantier.

Vous voulez honorer Clemenceau et Jean Zay, Jaurès et Léon Blum ? Fort bien ! Mais relisez leur message. Ils n'étaient ni introspectifs ni commémoratifs, mais tournés vers l'avenir, un message d'ouverture. Soyons donc leurs dignes héritiers vers le progrès.

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En évoquant la nécessité impérative de la réforme, compte-tenu de la place de la France dans le monde nouveau, j'ai anticipé sur la troisième grande question que je veux aborder devant vous : quel est l'état de notre monde et de notre Europe, et quel doit être le rôle de la France ?

Disons-le d'emblée, le monde est plus inquiétant que jamais.

L'inquiétude que génèrent les bouleversements climatiques va bien au-delà des seules préoccupations écologiques : biodiversité, ressources en eau, inégalités d'accès à l'énergie, etc. Les enjeux vont beaucoup plus loin que la question souvent posée, à savoir quelle planète allons-nous laisser à nos enfants ?

Et il n'est pas exagéré de dire que le monde se rend ainsi en aveugle au rendez-vous de son avenir. C'est pourquoi les radicaux soutiennent très résolument les efforts du Président de la République et du gouvernement pour que la toute prochaine COP 21, dont les travaux préparatoires et les déclarations unilatérales de nombre d'Etats démontrent déjà qu'elle est l'occasion d'une prise de conscience universelle, soit couronnée de succès et marquée par des engagements concrets et contraignants.

L'humanité entière n'a peut-être jamais été en position de tenir son destin dans ses mains. Ne laissons pas passer cette magnifique opportunité.

Il est d'ailleurs remarquable et réconfortant que les engagements internationaux de la France fassent l'objet d'un très large consensus, si l'on veut bien traiter comme des détails les critiques permanentes de l'extrême droite et d'un ancien Président de la République, donneur de leçon, que sa propre expérience internationale devrait conduire à plus de modestie...

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Les engagements de la France sont nombreux, importants, et variés.

Je ne reviendrai que pour mémoire sur la promesse tenue de retirer nos troupes d'Afghanistan, même si l'état actuel de la démocratie et les libertés Afghanes autorisent quelques doutes sur l'efficacité d'une intervention qui ne protègera peut-être pas le pays du terrible vestige de l'émiettement tribal et des surenchères de la religiosité.

Mais de façon beaucoup plus décisive, François Hollande a sauvé l'Etat Malien et les équilibres de toute l'Afrique de l'Ouest gravement compromis par des offensives djihadistes. Il fallait du courage et de la fermeté. La stabilisation est acquise même si cette région n'est pas définitivement hors d'atteinte des entreprises terroristes.

Au passage disons que nos partenaires dans l'union devraient cesser de considérer que la France doit seule ou presque supporter les interventions extérieures menées pourtant au nom de l'Europe et de la civilisation.

Ce fut également le cas en Centrafrique, même si l'intervention militaire Française avait pour premier objet d'éviter un de ces génocides dont le précédent Rwandais a laissé le tragique souvenir. Mais là non plus nous ne pouvons pas éternellement remplacer les puissances régionales directement concernées et pas plus garantir une stabilité dont l'Union Européenne profite sans qu'il ne lui en coûte rien. Dans les deux cas, le PRG et ses parlementaires ont apporté au Président de la République un soutien sans faille.

Aujourd'hui, se trouve posée la question du niveau de notre engagement en Irak et surtout en Syrie. Jusque-là notre participation à la coalition internationale s'est faite avec efficacité et dans un partenariat respectueux avec nos alliés, spécialement les Etats-Unis.

Là encore, nous entendons des « va-t-en-guerre » exiger que la France fasse plus et s'engage dans des combats terrestres aussi bien à l'appui du fragile état Irakien ou des milices Kurdes que dans une invraisemblable bataille à deux fronts contre Daesh et contre Bachar-al-Assad.

Cette position est tout simplement irresponsable. Et d'ailleurs ceux qui raillent la prudence de la France étaient plus critiques encore lorsque François Hollande proposait en vain à Barack Obama et David Cameron de punir Bachar-al-Assad et de prévenir la montée en puissance de l'état Islamique.

Le Président de la République a donc fort justement décidé d'ordonner des vols de reconnaissance préalables à des frappes ciblées. Il a surtout lancé une ouverture en direction de la Russie, le 7 septembre dernier, car il sait que ni la création d'un nouvel équilibre politique en Syrie, ni le désenclavement diplomatique de l'Iran ne sont possible sans un dialogue ferme mais réaliste avec Moscou.

Et cela ne signifie bien sûr pas que la France passe la crise Ukrainienne par pertes et profits.

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L'Europe a fait également la preuve de son infinie faiblesse dans la crise Grecque.

Nous avons créé une union à 28 et une zone euro à 19 Etats membres. Même si, nous le voyons aujourd'hui, c'était excessif. Le débat est aujourd'hui largement dépassé. Il aurait fallu approfondir avant d'élargir et créer un gouvernement économique européen avant d'instaurer une monnaie commune.

Alors la crise a éclaté en Grèce après avoir frôlé la France, touché l'Espagne, le Portugal et Chypre.

Et elle n'est pas terminée même si elle est en voie de règlement. Et là encore, je veux saluer l'action très déterminée de François Hollande. On l'avait dit impuissant et presque soumis devant l'intransigeance allemande. C'est tout le contraire qu'on a pu voir.

L'Allemagne et le FMI prétendaient faire de la Grèce une sorte de protectorat financier. On envisageait même la sortie du pays de la Zone euro puis de l'Union, comme si l'Europe n'avait pas une dette particulière à l'égard de cette nation qui a inventé la démocratie.

Or c'est la France qui a permis de concilier les points de vue entre le souci légitime des équilibres budgétaires et la volonté populaire de sortir d'une austérité sans fin dont les banques prêteuses auraient été les seules bénéficiaires. Une monnaie commune suppose une solidarité ; et c'est la France qui a rappelé à l'Europe cette notion fondatrice.

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A peine cette crise était-elle rangée sur la voie du règlement, que l'Europe est confrontée à un nouveau défi d'une ampleur sans précédent. Le problème des réfugiés qui a surpris tous les dirigeants.

Il a pourtant des causes parfaitement identifiables.

- L'une, qui a été un véritable déclic, pour le flux de migrants et pour le développement du terrorisme, réside dans la politique très aventureuse de la France et de la Grande-Bretagne en Libye. On a voulu – pourquoi si vite ? nous le saurons probablement un jour – abattre l'ami d'hier, le Kadhafi qui plantait sa tente avenue Marigny, sans savoir ce qu'on ferait pour aider la Libye à se gouverner.

-l'autre, plus récente, tient dans la position anglo-américaine face à Bachar-al Assad. On nous dit aujourd'hui qu'il serait un moindre mal. C'est faux, il est le mal. Bachar et Daesh ne sont que les deux visages de la même barbarie.

- moins direct mais tout aussi certaine, une autre cause est à rechercher dans la déliquescence d'Etats entiers. La Libye, je l'ai dit, mais aussi la Somalie, l'Érythrée, le Sud-Soudan, ces deux nouveaux nés mal nés du morcellement de l'Afrique.

- et puis, venue de très nombreux pays du Sud, il y a l'immense clameur de la misère. Je sais bien qu'on ne pourra pas traiter comme des réfugiés politiques la foule de ceux qui rêvent seulement d'une vie meilleure. Mais nous ne pourrons pas tarir ni même ralentir les flux migratoires si nous condamnons la moitié de l'humanité à devenir spectatrice de notre développement et jalouse de notre prospérité.

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La crise migratoire s'est d'abord fixée sur quelques points réputés faibles : les enclaves, espagnoles au Maroc, l'ile de Lampedusa puis la Sicile. Mais elle s'est changée en tsunami avec le séisme de la crise au Moyen-Orient. La Grèce, déjà tellement éprouvée, a subi le premier choc, en bonne partie ; il faut le dire en raison de l'ambiguïté de l'attitude de la Turquie.

Ces mouvements de populations sans équivalence dans le monde depuis les transferts organisés par l'ONU naissante dans l'immédiat après-guerre appellent une réponse européenne très urgente et très difficile car elle doit être faite d'humanité et de sécurité.

Et c'est précisément sur la base de ce double principe de fraternité universelle et de maitrise politique, sans concession à la peur mais aussi sans naïveté, que la France s'est replacée au premier plan de la prise de conscience européenne.

Parlant d'une seule voix avec l'Allemagne, mais aussi avec l'Italie, la France a émis un message fort tenant en 6 points principaux :

. nous avons le devoir d'accueillir les réfugiés politiques ;

. cet effort doit être réparti entre tous les Etats de l'Union ;

. il faut à tout prix maintenir les accords de Schengen ;

. si l'ordre public le commande, nous rétablirons des contrôles à nos frontières ;

. l'Union doit aider les pays de premier accès (Italie, Grèce, Hongrie) à établir des centres d'identifications des bénéficiaires de l'asile ;

. elle ne se protègera qu'en aidant les pays d'origine à retrouver la stabilité.

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Cette politique est la seule conforme à nos principes. Mattéo Renzi le disait encore jeudi : « l'Union Européenne n'est pas seulement une communauté de mémoire mais une communauté de valeurs et de destin ».

Et finalement, dans un grand élan transnational, la France montre le meilleur d'elle-même et invite l'Europe à redécouvrir enfin sa véritable dimension politique.

Contre une opinion initialement rétive, le Président de la République a rappelé que l'Europe valait mieux que sa bureaucratie vétilleuse et tatillonne, et qu'elle n'était jamais plus belle que dans le sursaut de sa volonté et dans l'union.

Et le miracle s'est produit.

Malgré toutes les difficultés que rencontre notre pays, malgré des craintes d'autant plus vives qu'elles sont nourries par tous les discours populistes, malgré la tentation toujours présente du repli identitaire et égoïste, les Français se sont eux largement mobilisés dans un grand élan de solidarité.

Qu'elle est belle cette France-là ! Celle qui rejette tout à la fois Daesh ou Boko Haram mais aussi l'islamophobie, la xénophobie et toutes les formes de haine de l'autre.

Et la simple et tragique photo d'un enfant mort sur une plage de Turquie nous a révélé une évidence : cet autre là c'est nous !

Alors dans ces moments où la conscience sort de sa somnolence, j'ai envie de sortir du constat que je faisais tout à l'heure. Oui, la République commence à se rassembler quand elle décide de se rassembler !

C'est cette République de la fraternité retrouvée que les radicaux chérissent et nourrissent depuis si longtemps.

Et c'est pourquoi je vous dis, à vous tous mes chers amis, enfants du radicalisme, mais aussi à nos alliés socialistes, et encore à toute la gauche que j'invite à se réunir, et par-delà cette gauche, à toutes les femmes et tous les hommes épris de progrès, que les radicaux seront toujours disponibles, utiles et même indispensables pour faire rayonner l'exigence républicaine.

Lorsque la France, l'Europe et le monde traversent des heures sombres, il nous revient de brandir plus fermement encore cette belle et fascinante lumière, où se mêlent le cœur et l'esprit, la raison et la passion, l'universel et le particulier, notre identité et notre universalité, cette lumière qui montre à tous un horizon plus vaste et plus accueillant.

Radicaux, cette flamme vous en avez hérité ! Ne vous lassez jamais de la porter. La République vous regarde ; elle a confiance en vous. C'est bien simple, elle vous aime et nous l'aimons. Alors, amis radicaux, debout ! et au combat ! »

                        « Mes Chers amis,

Le Premier Ministre et tous nos invités comprendront qu’à la fin de ce beau Congrès, je m’adresse d’abord aux radicaux.

Surtout pour vous remercier, toutes et tous, de vous être mobilisés en nombre, une fois de plus, pour démontrer par votre présence militante et par la grande qualité de vos contributions, la vigilance civique, l’engagement public et l’actualité persistante du message radical qui éclaire la République depuis si longtemps. Contre tous ceux qui voudraient archiver le radicalisme dans la mémoire historique de notre pays, vous avez réaffirmé la modernité de nos idées et l’importance du rôle que vous entendez jouer, et que vous jouerez dans notre vie politique.

Merci aussi à notre fédération de l’Hérault, à ses voisines du Languedoc Roussillon, cette région promise au plus beau des mariages, celui du Grand Midi républicain, d’avoir organisé, avec les infatigables permanents du parti, notre grand rendez-vous, et de l’avoir fait dans les meilleures conditions.

                        Mais je voudrais surtout m’adresser au travers de nos fédérations et de leurs délégués, à tous les militants radicaux puisque j’ai sollicité la confirmation de leur confiance. Une fois de plus, dira-t-on peut être. Et bien oui ! Une fois de plus, et la dernière. Je réponds par avance à ceux qui pensent, dans le meilleur des cas, que je voudrais suivre l’exemple d’Edouard Herriot qui fut Président à vie, ou dans le pire, que j’ambitionnerais de battre le record de longévité de la reine d’Angleterre.

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Dans ma lettre de candidature, j’ai exposé les raisons du nouveau contrat que je vous propose pour trois ans et que vous venez d’accepter. Je veux vous exprimer mon infinie gratitude pour la confiance que vous venez de me manifester. J’aurai dans les semaines à venir beaucoup d’occasion de vous dire mon estime affectueuse en retour mais à l’heure qu’il est, devant nos invités et devant nos amis de la presse, je veux vous faire part tout simplement de mon bonheur. Merci, amis radicaux.

                        Bonheur immense d’être avec vous bien sûr je viens de vous le dire.

                        Bonheur aussi de recevoir le Premier Ministre de la France ici, ce matin, parmi nous.

                        Manuel, nous sommes sensibles à ton attention envers les radicaux mais aussi et peut être surtout, sensibles aux efforts courageux que tu fais pour redresser la France qui était en 2012, nous ne l’avons pas assez dit, dans un état critique. Merci au Premier Ministre d’être parmi nous. Pour la clôture de notre Congrès.

            Permettez-moi aussi de saluer celles et ceux qui ont répondu également à notre invitation :

            Le Parti Socialiste avec Christophe Borgel, Thierry Cotelle et Fatiha Boudjahlat du MRC, Jean-Luc Bennahmias du Front Démocrate, Robert Hue du MDP, Jean-Paul Alduy du Parti Radical, France Gamerre et Yves Pietrasanta, de Génération Ecologie,

Ainsi que les syndicats et les représentants associatifs qui sont également parmi nous ce matin.

Et je veux aussi saluer la présence de Damien Alary, Président de la région Languedoc Roussillon et de son vice-président radical, Didier Codorniou.

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Lorsque nous proclamons, dans un Congrès, que la période est difficile, les convulsions politiques inquiétantes, les tensions internationales explosives et les signes avant-coureurs de grands séismes repérables chacun peut avoir l’impression qu’il s’agit d’une figure de style, presque toujours la même.

                        C’est que notre monde, à notre porte, en France, en Europe et sur toute la planète est installé dans la crise. Comprenez bien, mes amis, nous appelions « crises » ce qui nous apparaissait comme des pics de désordre, des moments difficiles à dépasser, des séquences de syncope dans la circulation normale des hommes et de leur liberté.

Cette vision est aujourd’hui dépassée. Que les crises soient économiques, monétaires, énergétiques, environnementales ou migratoires, elles ne cesseront plus. La crise, c’est-à-dire le désordre, est devenu malheureusement notre cadre permanent.

                        Et j’y insiste en m’armant de l’humanisme des radicaux. Car pour nous, hommes et femmes de progrès, la problématique humaine est illimitée. Quels que soient les sujets, nous ne croyons pas aux prophéties de l’apocalypse, à ces pronostics d’un monde fini, incapable de répondre aux nouveaux défis, peuplé d’hommes incapables d’être sujets de leur destin et ballotés dans la fatalité du chaos.

                        Bien au contraire, la crise permanente qui nous bouscule nous impose de sortir de nos habitudes, d’abandonner nos dogmes, d’inventer des solutions nouvelles sans tabou et sans aucune peur. Oui c’est bien aujourd’hui qu’il nous faut réinventer l’idée de progrès.

                        Et cette approche, révolutionnaire pour les concepts et réformiste pour la méthode, nous devons l’adopter dans tous les domaines, même si les contraintes de notre agenda m’imposent de n’évoquer ce matin que quatre grandes questions : la situation politique de notre pays, le rôle de la gauche réformiste rassemblée, l’état de notre monde et de notre Europe, la crise migratoire enfin qui est le révélateur de tous les autres problèmes.

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                        Voyons donc quelle est aujourd’hui la situation politique de la France.

                        Je le dis tout net, la République ne se reconnait plus.

                        S’il ne s’agissait que des grandes libertés publiques et des libertés individuelles, un simple démocrate pourrait s’accommoder de l’état de la France. Notre pays vote. Sa presse est libre. Toutes les opinions peuvent s’exprimer quand leur expression n’enfreint pas la loi. La majorité respecte l’opposition même si elle n’est pas payée de retour. Bref, la France est une démocratie.

                        Mais la République ne se confond pas avec la démocratie. Celle-ci est un état, celle-là est un projet. Un projet jamais achevé, toujours réinventé, un horizon qui s’éloigne à la mesure des avancées des hommes, une marche sans fin.

                        Et précisément, le chantier des libertés ne peut être sans cesse repoussé. A l’automne dernier, je vous ai dit, Monsieur le Premier Ministre, je t’ai dit, Cher Manuel, l’extrême souci qu’avaient les radicaux de voir la France progresser vers un véritable droit de mourir dans la dignité. Des affaires retentissantes ont montré que nous avions encore du chemin à faire.

Et je pourrais dire la même chose dans les domaines des biosciences où il faut vaincre nos peurs médiévales devant les espaces immenses ouverts par les recherches sur le vivant. Et tant d’autres sujets qui sont là pour nous prouver que nos libertés ne sont pas enfermées dans une cassette conquise en 1789 mais qu’elles constituent un incessant mouvement vers la lumière.

                        L’égalité républicaine souffre, elle aussi, même si les radicaux, attachés à l’égalité des droits, préfèrent parler de justice.

                        La crise économique et la récession durable qu’elle a engendrée ont mis à mal le principe d’égalité. J’entends bien ceux qui, de bonne foi pour la plupart, voudraient corriger sans délai les inégalités sociales en redistribuant tout ce que la France qui se redresse n’a pas encore produit. Je leur dis que c’est une illusion, que si nous ne nous engageons pas résolument sur la voie des réformes économiques et sociales qui désarmeront nos dogmes, il n’y aura ni New deal pour notre société ni Bad Godesberg pour notre vie politique.

Pourquoi d’ailleurs aller chercher dans le passé, 80 ans pour l’Amérique, bientôt 60 pour la gauche Allemande, nos espérances et nos références? C’est au contraire une égalité du XXIème siècle que nous devons inventer. Une égalité active, des droits assortis de devoirs, une réhabilitation du citoyen responsable et acteur du changement. L’égalité n’est pas un quelconque droit sur la société mais la juste rétribution de l’effort de chacun pour un grand élan commun.

                        La droite qui se prétend républicaine pense – et l’affirme désormais sans le moindre scrupule - qu’on peut redynamiser notre pays en supprimant les droits hérités des luttes sociales anciennes. Les extrémistes qui se prétendent de gauche ne craignent pas de soutenir qu’on pourrait initier le progrès social sans aucun égard pour les contraintes économiques.

                        Les radicaux pensent quant à eux, avec tous les progressistes réformistes, que c’est en mettant le développement de l’économie au service de l’épanouissement humain que nous aurons honoré notre dette politique envers la société.

                        Et que dire de la fraternité ? Quand on voit la droite courir derrière l’extrême droite pour exalter l’exclusion, toutes les formes de division et, à la fin, nourrir la haine de l’autre, puis la haine de l’autre Français, et, comme résultat, la haine de soi, de notre pays, de son génie, de son passé et de son potentiel d’avenir ?

                        La France a toujours été forte quand elle était unie. Elle s’est toujours affaiblie et parfois ruinée, quand elle se divisait. Ce processus délétère n’aura pas de fin si nous le laissons courir. Car lorsque nous aurons éliminé, ce qu’à Marianne ne plaise, l’immigré, l’étranger, le basané, le musulman, le plombier polonais, le voisin allemand, il restera toujours un autre à détester, cette figure de l’Autre qui résume l’unité fondamentale de la condition humaine.

                        Et je ne vois pas, pour ma part, de différence entre les allumeurs de tous les bûchers de l’intolérance et ceux qui nous invitent à un repliement dans l’inconfort de nos égoïsmes.

La frontière ? Elle est celle du nationalisme, elle sera demain celle du régionalisme, celle du communautarisme, celle des catégories sociales éternellement figées, et puis pourquoi pas celle des bruns et des blonds.

                        La fraternité devrait être une évidence, celle qu’on remarque, lumineuse, joyeuse, souriante, dans les cours de nos écoles désormais infiniment bigarrées. Elle n’est plus cette évidence qui caractérise l’humanité. Et la gauche moderne doit, là aussi, réinventer la fraternité de ce siècle sans faire la moindre concession aux professionnels de la division.

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Nous ne gagnerons aucune élection en admettant que ceux qui nient l’essentiel, l’âme même de la France peuvent avoir raison, si peu que ce soit. Ils ont tort, disons-le bien fort. La fraternité et la solidarité ne sont pas de simples devoirs ou des punitions. Elles garantissent notre progrès collectif. Dois-je citer Alexandre Dumas, Félix Eboué, Aimé Césaire, ou Gaston Monnerville pour prouver que celui-là même qui a les apparences de l’autre porte le meilleur de nous ?

                        Mais, en serions-nous là, libertés en plan, égalité gravement fissurée, fraternité presque oubliée si notre pays n’avait perdu en bonne partie son repère essentiel, je veux dire la laïcité ?

                        On me dira qu’on n’a jamais autant parlé de laïcité. C’est précisément ce qui m’inquiète. J’entends parler, ici et là, de laïcité positive, de laïcité moderne, de laïcité assouplie, que sais-je encore ? Notre laïcité n’a besoin d’aucun objectif. Elle est le principe vertébral de la République et les radicaux ne transigeront jamais là-dessus.

                        J’entends aussi parfois Mme Le Pen, croisée de la lutte contre l’Islam, Monsieur Sarkozy, l’homme du discours de Latran et tous leurs suiveurs se poser comme ses premiers défenseurs. Il faudrait en rire si nous ne débordions pas de colère.

                        Rappelons à ces laïcs de la 25ème heure que la pensée laïque n’est pas un outil de combat anti religieux. Elle est, au contraire, la garantie donnée par la neutralité des institutions publiques, de la liberté de conscience de chacun. Elle met l’école à l’abri des influences confessionnelles mais aussi des pressions idéologiques ou économiques. Notre laïcité est au service de l’intégration dans la communauté nationale et lorsqu’elle est brandie comme une arme d’exclusion c’est toujours par des malhonnêtes et des manipulateurs.

                        Les radicaux ont bien sûr à l’égard de la laïcité des devoirs particuliers pour l’avoir inventée. Sans céder en rien à l’air du temps, ils réaffirment leurs principes inchangés. Il n’y a là rien à moderniser et j’organiserai prochainement, en accord avec tous nos partenaires politiques, actuels ou futurs, un Tour de France de la laïcité pour réaffirmer qu’elle n’est pas le plus petit dénominateur commun des influences qui s’exercent contre l’école et contre la neutralité de nos institutions. Elle est synonyme de liberté et tient en une règle simple : la loi doit respecter la foi mais la foi ne doit pas dicter la loi.

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                        Ces réflexions idéologiques m’amènent à la question de l’état de la gauche et de ses responsabilités.

                        Et rappelons-nous d’abord les enseignements de François Mitterrand. Il nous l’a dit et nous l’a montré : la gauche est forte quand elle est unie et c’est seulement après avoir réalisé son unité qu’elle peut s’ouvrir à d’autres courants. C’est exactement le double travail qui nous attend.

                        Jean-Christophe Cambadélis a présenté, voici quelques jours, ses propositions, encore imprécises, pour ce qu’il appelle « une nouvelle gauche politique et citoyenne ». A cette occasion, il a surligné qu’il fallait, je cite, « dépasser le parti socialiste car nous estimons ses réponses et son organisations datées ». Je ne l’aurais sans doute pas dit aussi bien mais, après tout, on n’attend pas de moi que je sois plus socialiste que le parti socialiste…

                        Quant au projet d’une « nouvelle alliance », il m’est tellement familier que je me rappelle avoir publié, en 1985, un ouvrage portant ce titre.

                        Alors, soit ! On nous propose une « nouvelle gauche politique et citoyenne » et nous adhérons à ce projet. Mais il comporte plusieurs phases.

                        La première consiste à consolider nos accords actuels. A l’évidence, les radicaux sont les seuls partenaires loyaux des socialistes au sein de la majorité. Même lorsque le PS perd les voix de ses frondeurs sur les grands textes du quinquennat, il peut toujours compter sur la solidarité des parlementaires du PRG.

A ce titre, je tiens à remercier nos parlementaires qui œuvrent courageusement à l’Assemblée Nationale et au Sénat afin de porter haut et fort les valeurs du radicalisme, avec une mention toute particulière à Roger-Gérard et Jacques qui ont la lourde tâche de présider aux destinées de ces deux groupes.

Remercier aussi nos ministres : Sylvia, Annick et Thierry qui mettent leurs qualités remarquables, leurs déterminations et nos particularités, au service de la France. C’est une mission exaltante et il n’est pas exagéré de dire qu’ils sont tous notre fierté.

Pour autant, la constance des radicaux leur vaut-elle une gratitude politique et électorale ?

                        Je ne reviendrai pas sur les accords extravagants entre le PS et les Verts. Sans égard pour l’influence réelle des écologistes, on leur a accordé de véritables faveurs dont la contrepartie devrait être une solidarité sans faille au sein de la majorité. Nous connaissons le résultat de ce savant calcul.

                        Aujourd’hui, nous avons devant nous, dans moins de trois mois, l’échéance redoutable des élections régionales où les effets classiques de balancier et de désamour de la majorité en place sont aggravés par la persistance de la crise et le sentiment d’abandon qu’éprouvent nos concitoyens. Et ce sera aussi l’épreuve du feu pour les nouvelles régions voulues par le Président de la République et que les Français apprécieront au-delà des humeurs du moment.

                        Dans cette perspective et au prix d’efforts acharnés de nos équipes de négociation et de nos responsables respectifs, les radicaux et les socialistes sont parvenu à un accord équilibré. Encore faudrait-il l’appliquer scrupuleusement. Et nous en sommes toujours trop loin.

C’est la raison pour laquelle, vendredi soir, j’ai proposé au Comité directeur qui m’a suivi à l’unanimité, de reporter la désignation des candidats qui défendront nos couleurs aux élections régionales.

                        En effet, il semble bien qu’il y ait, même au 21ème siècle, des difficultés graves de transmission entre Solferino, les fédérations et les chefs de file socialistes en province.

Beaucoup prétendent ne pas être au courant de la réalité des accords conclus entre Jean-Christophe Cambadélis, et moi-même, au plus haut niveau après le travail difficile et remarquable de Guillaume Lacroix et Christophe Borgel. Et je veux rendre un hommage appuyé à Guillaume qui a rendu toute sa noblesse à la fonction de Secrétaire Général et qui ferraille vaillamment face au meilleur du PS en matière électorale.

                        Alors, je le dis ce matin, ici, à la tribune de notre congrès, avec force : quand on porte les couleurs de la gauche, la moindre des choses c’est de tenir ses engagements, de respecter la parole donnée et d’honorer les contrats scellés.

C’est ce que nous, Radicaux, faisons depuis 2012, avec le pacte majoritaire passé au soir du premier tour des primaires, et nous exigeons la réciproque à notre loyauté sans faille.

                        Alors, je l’espère sincèrement, après la consolidation de nos accords, nous pourrons passer à la deuxième phase, celle du regroupement de toutes les organisations et de toutes les personnalités qui appartiennent isolément à la majorité ou se situent à ses lisières. Je veux parler des communistes réformateurs, des écologistes sincères, des centristes déboussolés par l’alignement de la droite sur les thèmes de l’extrême droite, mais aussi de tous les élus, de tous les responsables associatifs aux syndicaux, et aussi des chefs d’entreprises, de toutes ces personnes authentiquement progressistes mais qui ne se reconnaissent dans aucun appareil.

                        Et déjà nous avions créé il y a 4 ans le Pôle Radical et Ecologiste avec nos amis de GE, et oui les radicaux ont toujours un temps d’avance. Car déjà nous avions compris eux et nous qu’il fallait œuvrer à la construction d’une écologie de Raison indispensable à la Gauche.

                        L’appel de Jean-Christophe Cambadélis est clairement adressé à tous ceux que je viens de citer. Mais je veux faire un rappel et poser une question aux dirigeants socialistes. Depuis la FGDS de François Mitterrand, le PS n’a jamais tranché une question stratégique pourtant cruciale.

Doit-il constituer une majorité de rassemblement en laissant vivre ses partenaires pour l’élargir ? Doit-il au contraire - et ce projet n’a rien d’infamant- faire le choix de devenir un grand parti démocrate et réformateur ayant à lui seul une vocation majoritaire ?

                        Vous l’avez tous deviné, la préférence des radicaux va vers la première solution qui multiplie notre efficacité en laissant vivre toutes les sensibilités. C’est pourquoi j’estime qu’il appartient aujourd’hui au PRG de prendre l’initiative du rassemblement de tous les non socialistes en respectant tous les courants de pensée et en proposant une organisation équitable, novatrice, non autoritaire et décentralisée. Pas une fédération ou une confédération pyramidale mais bien plutôt un réseau, de type coopératif et doté d’une organisation moléculaire.

                        Le PRG fera donc, dans les prochaines semaines, des démarches multiples pour aboutir à la constitution de ce réseau car au-delà des spéculations du moment, souvent vaines, nous estimons qu’aucune voix du camp du progrès ne doit manquer à François Hollande en 2017. J’en prends ici l’engagement.

                        Car ce rassemblement est urgent. Et c’est seulement lors de l’élection Présidentielle, comme toujours dans l’histoire de la Vème République, que viendra le temps de la troisième phase, celle de l’ouverture de la gauche ou plutôt de son recentrage.

                        Il s’agit d’un chantier capital : il faut déplacer le centre de gravité de la majorité. J’ai eu l’honneur de défendre cette position, en compagnie de Manuel Valls, lors des primaires de 2011. Avec un résultat modeste pour lui et médiocre pour moi. Et voilà que, quatre ans plus tard, les faits qui ne se laissent enfermer dans aucune idéologie, nous donnent raison. Il est devenu impératif de sortir des frontières de la gauche partisane pour dialoguer enfin avec tous les réformistes sincères.

D’ailleurs de façon très curieuse, le mot « réformateur » a, pour certain, un sens vaguement péjoratif. On trouverait, d’un côté, la gauche pure et dure accrochée à ses dogmes, comme la moule à son rocher et, de l’autre, une gauche social- traitre ou sociale-libérale qui aurait renoncé à ses catéchismes pour engager notre pays sur la voie de la réforme.

                        Pour ma part, j’ai déjà dit que j’acceptais très volontiers d’être considéré comme un libéral radical, si ceci renvoie à une culture politique de la solidarité comme ciment politique Français et si le vocable « libéral » fait référence à une vie économique enfin débarrassée de l’interventionnisme d’Etat et de ses excès.

                        Je comprends bien que l’on puisse avoir la nostalgie du Front Populaire, des ateliers protégés, et, plus près de nous, de la DATAR ou du Commissariat au Plan, symptômes entre autres de l’omnipotence d’Etat. Je respecte ce passé pour ce qu’il est mais je n’en ai pas la nostalgie. Et je dirai, si on me le permet une citation peu dans mes habitudes, ce que Poutine dit de l’URSS : ceux qui ne pleurent pas l’économie administrée n’ont pas de cœur ; ceux qui la regrettent n’ont pas de tête.

                        Car ce n’est pas faire œuvre de progressisme que d’accorder une sorte de statut de « vaches sacrées » aux entreprises publiques lorsqu’elles sont dans le secteur concurrentiel, au code du travail qui conserve toutes les  moraines des temps anciens, au repos hebdomadaire lorsque les salariés exigent d’y renoncer, à la durée légale du travail lorsque, là encore, les employés eux-mêmes demandent plus de souplesse, ou même de sacraliser le dialogue entre les partenaires sociaux si les syndicats – ouvriers et patronaux- ne mènent pas, eux aussi dans le même, un travail de réforme en profondeur pour prouver qu’ils ne représentent pas seulement leurs propres intérêts.

                        Oh je sais que mes propos peuvent heurter beaucoup d’entre vous mais il n’existe pas de volonté réformatrice si nous ne sommes pas prêts à transgresser les tabous.

                        Et il s’agit là dune nécessité politique de court terme et de la responsabilité des radicaux dans la construction d’un monde meilleur.

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                        J’ai évoqué l’élection Présidentielle de 2017, et, vous l’avez compris, je l’ai fait avec un optimisme de militant. Ma conviction s’énonce facilement : je vois que l’addition des conservatismes – de droite, d’extrême droite, d’extrême gauche – peut produire une majorité arithmétique (les sondages nous le répètent quotidiennement) mais qu’elle ne peut générer une majorité de gouvernement.

                        Et c’est donc là, en 2017, que se dégagera ce vaste rassemblement des réformateurs de progrès. J’en suis certain. Et les radicaux doivent mettre toute leur force pour aboutir à cette nouvelle configuration politique qui ne sera pas centriste, mais centrale.

                        Je crois vraiment qu’il y va de l’intérêt du pays.

                        La globalisation de l’économie mondiale nous a en quelque sorte pris par surprise. Nous n’en avions prévu ni l’ampleur ni la soudaineté. La France, qu’il s’agisse de ses dirigeants, de ses citoyens ou de ses entreprises, a cru qu’elle pouvait se reposer sur des schémas éprouvés dans le passé.

                        Mais le monde ne ressemble plus à la vision que nous en avions. La communication universelle instantanée, la numérisation de toutes les informations, l’émergence puissante de pays concurrençant l’ancien monde développé, tout cela nous impose de réformer notre système d’administration publique, notre vision de l’entreprise et notre système de solidarité sociale.

                        Et c’est à ce prix, celui d’une réforme sans interdits, que la France conservera sa place dans le peloton des nations.

                        La réforme n’est évidemment pas une religion. On ne réforme pas pour réformer. Il y faut une méthode et c’est précisément celle des radicaux. La raison, le doute, l’expérimentation, tels seront les outils que nous apporterons à ce vaste chantier.

                        Vous voulez honorer Clemenceau et Jean Zay, Jaurès et Léon Blum ? Fort bien ! Mais relisez leur message. Ils n’étaient ni  introspectifs ni commémoratifs, mais tournés vers l’avenir, un message d’ouverture. Soyons donc leurs dignes héritiers vers le progrès.

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                        En évoquant la nécessité impérative de la réforme, compte-tenu de la place de la France dans le monde nouveau, j’ai anticipé sur la troisième grande question que je veux aborder devant vous : quel est l’état de notre monde et de notre Europe, et quel doit être le rôle de la France ?

                        Disons-le d’emblée, le monde est plus inquiétant que jamais.

                        L’inquiétude que génèrent les bouleversements climatiques va bien au-delà des seules préoccupations écologiques : biodiversité, ressources en eau, inégalités d’accès à l’énergie, etc. Les enjeux vont beaucoup plus loin que la question souvent posée, à savoir quelle planète allons-nous laisser à nos enfants ?

                        Et il n’est pas exagéré de dire que le monde se rend ainsi en aveugle au rendez-vous de son avenir. C’est pourquoi les radicaux soutiennent très résolument les efforts du Président de la République et du gouvernement pour que la toute prochaine COP 21, dont les travaux préparatoires et les déclarations unilatérales de nombre d’Etats démontrent déjà qu’elle est l’occasion d’une prise de conscience universelle, soit couronnée de succès et marquée par des engagements concrets et contraignants.

L’humanité entière n’a peut-être jamais été en position de tenir son destin dans ses mains. Ne laissons pas passer cette magnifique opportunité.

                        Il est d’ailleurs remarquable et réconfortant que les engagements internationaux de la France fassent l’objet d’un très large consensus, si l’on veut bien traiter comme des détails les critiques permanentes de l’extrême droite et d’un ancien Président de la République, donneur de leçon, que sa propre expérience internationale devrait conduire à plus de modestie…

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                        Les engagements de la France sont nombreux, importants, et variés.

                        Je ne reviendrai que pour mémoire sur la promesse tenue de retirer nos troupes d’Afghanistan,  même si l’état actuel de la démocratie et les libertés Afghanes autorisent quelques doutes sur l’efficacité d’une intervention qui ne protègera peut-être pas le pays du terrible vestige de l’émiettement tribal et des surenchères de la religiosité.

                        Mais de façon beaucoup plus décisive, François Hollande a sauvé l’Etat Malien et les équilibres de toute l’Afrique de l’Ouest gravement compromis par des offensives djihadistes. Il fallait du courage et de la fermeté. La stabilisation est acquise même si cette région n’est pas définitivement hors d’atteinte des entreprises terroristes.

Au passage disons que nos partenaires dans l’union devraient cesser de considérer que la France doit seule ou presque supporter les interventions extérieures menées pourtant au nom de l’Europe et de la civilisation.

                        Ce fut également le cas en Centrafrique, même si l’intervention militaire Française avait pour premier objet d’éviter un de ces génocides dont le précédent Rwandais a laissé le tragique souvenir. Mais là non plus nous ne pouvons pas éternellement remplacer les puissances régionales directement concernées et pas plus garantir une stabilité dont l’Union Européenne profite sans qu’il ne lui en coûte rien. Dans les deux cas, le PRG et ses parlementaires ont apporté au Président de la République un soutien sans faille.

                        Aujourd’hui, se trouve posée la question du niveau de notre engagement en Irak et surtout en Syrie. Jusque-là notre participation à la coalition internationale s’est faite avec efficacité et dans un partenariat respectueux avec nos alliés, spécialement les Etats-Unis.

                        Là encore, nous entendons des « va-t-en-guerre » exiger que la France fasse plus et s’engage dans des combats terrestres aussi bien à l’appui du fragile état Irakien ou des milices Kurdes que dans une invraisemblable bataille à deux fronts contre Daesh et contre Bachar-al-Assad.

Cette position est tout simplement irresponsable. Et d’ailleurs ceux qui raillent la prudence de la France étaient plus critiques encore lorsque François Hollande proposait en vain à Barack Obama et David Cameron de punir Bachar-al-Assad et de prévenir la montée en puissance de l’état Islamique.

                        Le Président de la République a donc fort justement décidé d’ordonner des vols de reconnaissance préalables à des frappes ciblées. Il a surtout lancé une ouverture en direction de la Russie, le 7 septembre dernier, car il sait que ni la création d’un nouvel équilibre politique en Syrie, ni le désenclavement diplomatique de l’Iran ne sont possible sans un dialogue ferme mais réaliste avec Moscou.

                        Et cela ne signifie bien sûr pas que la France passe la crise Ukrainienne par pertes et profits.

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                        L’Europe a fait également la preuve de son infinie faiblesse dans la crise Grecque.

                        Nous avons créé une union à 28 et une zone euro à 19 Etats membres. Même si, nous le voyons aujourd’hui, c’était excessif. Le débat est aujourd’hui largement dépassé. Il aurait fallu approfondir avant d’élargir et créer un gouvernement économique européen avant d’instaurer une monnaie commune.

                        Alors la crise a éclaté en Grèce après avoir frôlé la France, touché l’Espagne, le Portugal et Chypre.

Et elle n’est pas terminée même si elle est en voie de règlement. Et là encore, je veux saluer l’action très déterminée de François Hollande. On l’avait dit impuissant et presque soumis devant l’intransigeance allemande. C’est tout le contraire qu’on a pu voir.

L’Allemagne et le FMI prétendaient faire de la Grèce une sorte de protectorat financier. On envisageait même  la sortie du pays de la Zone euro puis de l’Union, comme si l’Europe n’avait pas une dette particulière à l’égard de cette nation qui a inventé la démocratie.

Or c’est la France qui a permis de concilier les points de vue entre le souci légitime des équilibres budgétaires et la volonté populaire de sortir d’une austérité sans fin dont les banques prêteuses auraient été les seules bénéficiaires. Une monnaie commune suppose une solidarité ; et c’est la France qui a rappelé à l’Europe cette notion fondatrice.

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                        A peine cette crise était-elle rangée sur la voie du règlement, que l’Europe est confrontée à un nouveau défi d’une ampleur sans précédent. Le problème des réfugiés qui a surpris tous les dirigeants.

                        Il a pourtant des causes parfaitement identifiables.

- L’une, qui a été un véritable déclic, pour le flux de migrants et pour le développement du terrorisme, réside dans la politique très aventureuse de la France et de la Grande-Bretagne en Libye. On a voulu – pourquoi si vite ? nous le saurons probablement un jour – abattre l’ami d’hier, le Kadhafi qui plantait sa tente avenue Marigny, sans savoir ce qu’on ferait pour aider la Libye à se gouverner.

-l’autre, plus récente, tient dans la position anglo-américaine face à Bachar-al Assad. On nous dit aujourd’hui qu’il serait un moindre mal. C’est faux, il est le mal. Bachar et Daesh ne sont que les deux visages de la même barbarie.

- moins direct mais tout aussi certaine, une autre cause est à rechercher dans la déliquescence d’Etats entiers. La Libye, je l’ai dit, mais aussi la Somalie, l’Érythrée,  le Sud-Soudan, ces deux nouveaux nés mal nés du morcellement de l’Afrique.

- et puis, venue de très nombreux pays du Sud, il y a l’immense clameur de la misère. Je sais bien qu’on ne pourra pas traiter comme des réfugiés politiques la foule de ceux qui rêvent seulement d’une vie meilleure. Mais nous ne pourrons pas tarir ni même ralentir les flux migratoires si nous condamnons la moitié de l’humanité à devenir spectatrice de notre développement et jalouse de notre prospérité.

 

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La crise migratoire s’est d’abord fixée sur quelques points réputés faibles : les enclaves, espagnoles au Maroc, l’ile de Lampedusa puis la Sicile. Mais elle s’est changée en tsunami avec le séisme de la crise au Moyen-Orient. La Grèce, déjà tellement éprouvée, a subi le premier choc, en bonne partie ; il faut le dire en raison de l’ambiguïté de l’attitude de la Turquie.

Ces mouvements de populations sans équivalence dans le monde depuis les transferts organisés par l’ONU naissante dans l’immédiat après-guerre appellent une réponse européenne très urgente et très difficile car elle doit être faite d’humanité et de sécurité.

 

                        Et c’est précisément sur la base de ce double principe de fraternité universelle et de maitrise politique, sans concession à la peur mais aussi sans naïveté, que la France s’est replacée au premier plan de la prise de conscience européenne.

                        Parlant d’une seule voix avec l’Allemagne, mais aussi avec l’Italie, la France a émis un message fort tenant en 6 points principaux :

. nous avons le devoir d’accueillir les réfugiés politiques ;

. cet effort doit être réparti entre tous les Etats de l’Union ;

. il faut à tout prix maintenir les accords de Schengen ;

. si l’ordre public le commande, nous rétablirons des contrôles à nos frontières ;

. l’Union doit aider les pays de premier accès (Italie, Grèce, Hongrie) à établir des centres d’identifications des bénéficiaires de l’asile ;

. elle ne se protègera qu’en aidant les pays d’origine à retrouver la stabilité.

 

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                        Cette politique est la seule conforme à nos principes. Mattéo Renzi le disait encore jeudi : « l’Union Européenne n’est pas seulement une communauté de mémoire mais une communauté de valeurs et de destin ».

                        Et finalement, dans un grand élan transnational, la France montre le meilleur d’elle-même et invite l’Europe à redécouvrir enfin sa véritable dimension politique.

                        Contre une opinion initialement rétive, le Président de la République a rappelé que l’Europe valait mieux que sa bureaucratie vétilleuse et tatillonne, et qu’elle n’était jamais plus belle que dans le sursaut de sa volonté et dans l’union.

                        Et le miracle s’est produit.

                        Malgré toutes les difficultés que rencontre notre pays, malgré des craintes d’autant plus vives qu’elles sont nourries par tous les discours populistes, malgré la tentation toujours présente du repli identitaire et égoïste, les Français se sont eux largement mobilisés dans un grand élan de solidarité.

                        Qu’elle est belle cette France-là ! Celle qui rejette tout à la fois Daesh ou Boko Haram mais aussi l’islamophobie, la xénophobie et toutes les formes de haine de l’autre.

Et la simple et tragique photo d’un enfant mort sur une plage de Turquie nous a révélé une évidence : cet autre là c’est nous !

                        Alors dans ces moments où la conscience sort de sa somnolence, j’ai envie de sortir du constat que je faisais tout à l’heure. Oui, la République commence à se rassembler quand elle décide de se rassembler !

                        C’est cette République de la fraternité retrouvée que les radicaux chérissent et nourrissent depuis si longtemps.

                       Et c’est pourquoi je vous dis, à vous tous mes chers amis, enfants du radicalisme, mais aussi à nos alliés socialistes, et encore à toute la gauche que j’invite à se réunir, et par-delà cette gauche, à toutes les femmes et tous les hommes épris de progrès, que les radicaux seront toujours disponibles, utiles et même indispensables pour faire rayonner l’exigence républicaine.

                        Lorsque la France, l’Europe et le monde traversent des heures sombres, il nous revient de brandir plus fermement encore cette belle et fascinante lumière, où se mêlent le cœur et l’esprit, la raison et la passion, l’universel et le particulier,  notre identité et notre universalité, cette lumière qui montre à tous un horizon plus vaste et plus accueillant.

                        Radicaux, cette flamme vous en avez hérité ! Ne vous lassez jamais de la porter. La République vous regarde ; elle a confiance en vous. C’est bien simple, elle vous aime et nous l’aimons. Alors, amis radicaux, debout ! et au combat !  »