Budget Culture 2018 - F. Laborde intervient dans la discussion générale
Je suis intervenue, au nom du groupe RDSE, dans la discussion générale du Budget Culture du projet de loi de Finances pour 2018.
Voici le texte intégral de mon intervention devant le Sénat :
" Monsieur le Président, Madame la Ministre, Mes chers collègues,
Madame la Ministre, vous avez déclaré que ce projet de loi de Finances pour 2018 était «Un budget de transformation». Les crédits de paiement prévus pour la mission Culture sont constants, cette sanctuarisation est déjà un signal encourageant, la Culture dans son ensemble sera pérennisée en 2018, permettant au moins le maintien des acquis. Tout en étant d'un naturel optimiste, je reste prudente dans mes affirmations car je m'interroge, ces moyens seront-ils suffisants pour insuffler une dynamique de transformation ? Si l’on s’attache à l’évolution des crédits budgétaires lignes par lignes, mon analyse est plus nuancée.
Pour commencer, je tiens à souligner la volonté de développer l'Education Artistique et Culturelle. Le bien fondé de cet effort budgétaire porté sur le financement de ces actions n'est plus à démontrer. C'est un outil très efficace pour démocratiser l'accès de tous les enfants à la Culture. Les membres du groupe RDSE et moi-même saluons cette orientation qui sera très utile pour lutter contre les fractures culturelles et progresser vers l'égalité d’accès de tous à la Culture, c'est en effet sur les bancs de l'école et dès le plus jeune âge que cela se joue.
J'aurais souhaité qu'un budget plus important y soit consacré, dès maintenant, pour moi cette dépense aurait dû être prioritaire sur le Pass Culturel.
Si je suis convaincue du bienfondé de ce sésame, je serai vigilante sur les conditions de sa mise en œuvre car beaucoup de questions d'ordre pragmatique se posent. En effet, il me semble important de tenir compte des expérimentations existant déjà sur notre territoire et de bien définir les conditions dans lesquelles les jeunes pourront en bénéficier. Sans aucune préparation ou aucun accompagnement dans leur choix, je doute que le résultat soit à la hauteur de nos ambitions. Il est urgent de prendre du temps pour encadrer ce dispositif, y compris contre certaines dérives comme la revente du pass.
Je ne perds pas de vue que ces crédits contribueront aussi, indirectement, à re dynamiser la demande auprès des artistes et du secteur de la création artistique et culturel, dans son ensemble. Car, je cite les paroles de l’acteur Philippe Torreton « La culture est une force de frappe économique », comme lui j'en suis persuadée.
Concernant l'augmentation de 3 millions d'euros des crédits alloués au « plan conservatoires » ... Ce nom est presque une tromperie ! Il s'agit plutôt d'un « plan chorales » qui ne bénéficiera pas directement aux conservatoires mais aux établissements scolaires. Nous pouvions aussi espérer davantage de progrès dans la mise en œuvre des réformes prévues par la loi CAP.
Concernant les crédits relatifs au Patrimoine, il est important que désormais ils s'inscrivent dans la stratégie pluri annuelle que vous avez présentée, Madame la Ministre. Je tiens d'ailleurs à souligner, comme l'a fait notre collègue rapporteur M. Nachbar, qu'un nouvel attrait des français pour notre patrimoine national est entretenu par un intérêt croissant des médias. Cette dynamique s est traduite par le choix de confier une mission sur ce sujet à M. Bern. Deux rapports, celui de M. Malvy sur l'attractivité touristique du patrimoine et celui de M. Dauge, sur la revitalisation des centres anciens dégradés, ont également permis de dresser des pistes de travail pour mieux valoriser le patrimoine de nos territoires.
Des expérimentations sont lancées dans trois régions pilotes pour évaluer la mise en œuvre des recommandations faites en vue de revitaliser petites communes, centre-ville et villes moyennes. Il reste à espérer que les expérimentations réussies seront étendues au reste de notre territoire. En outre, une aide de 15 millions d'euros, transitant par les DRAC est prévue pour les petites communes à faible potentiel financier en vue de sauvegarder leur patrimoine historique.
Je voulais aussi vous faire part de mon incompréhension face à la diminution de moitié des crédits consacrés au FONPEPS, Fonds national pour l'emploi pérenne dans le spectacle. Ces crédits sont passés de 55 à 25 millions d’euros, en un an, alors que, d'une part, ce programme n'est pas encore arrivé à son terme et, d'autre part, que le secteur culturel dans son ensemble s’inquiéte de l'annonce de l'arrêt des contrats aidés. Pourquoi procéder maintenant à cette coupe massive dans les crédits destinés à soutenir l'emploi dans le spectacle avant même d’en avoir évalué les premières mesures et essayé de les améliorer ?
Enfin, je conclurai en rappelant que les mesures de sécurité sont désormais devenues une dépense incontournable pour l'organisation de tout événement artistique et culturel. Nous devons prendre en compte cet état de fait dans la programmation budgétaire. En effet, il est à craindre que le budget consacré aux mesures de sécurité empiète celui de la création. Je pense, par exemple, à l'organisation de festivals dans nos départements et nos régions. C'est ce qui est ressorti de l'enquête réalisée auprès des sénateurs membres du groupe de travail sur les arts de la scène, de la rue et des festivals en région, que je préside. Cette question est d'autant plus importante que le fonds d'urgence créé en décembre 2015 s'arrêtera fin 2018. Madame la Ministre, que pouvez-vous nous dire concernant les crédits attribués au fonds interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation qui est sensé s'y substituer ?
En conclusion, et compte tenu de la pérennisation du budget Culture dans le projet de loi de Finances pour 2018, les membres du groupe RDSE dans leur ensemble voteront en faveur des crédits de la mission Culture."