2ème Journée de formation du réseau des Femmes Elues d'Occitanie
Julia Mouzon, Présidente de l'association Femmes Elues, m'a fait l'honneur de me demander d'ouvrir la deuxième journée des Femmes Elues d'Occitanie. J'étais aux côtés de ma collègue Maryse Carrère, Sénatrice des Hautes-Pyrénées, qui intervenait pour le premier débat "Concerter, partager, co-créer en Occitanie : réinventer les territoires et les acteurs locaux".
Voici mon discours d'ouverture :
Chères amies, mais aussi chers amis,
Je remercie Julia pour son invitation à ouvrir les travaux de cette deuxième journée des femmes élues d’Occitanie.
J’étais présente lors de la première édition. J’ai le souvenir de belles rencontres et de discussions animées avec les élues présentes ce jour là, heureuses de se retrouver et échanger sur l’exercice de leur mandat dans la diversité de leurs collectivités et de leurs territoires.
J’ai fait la connaissance de l’association nationale Femmes Elues dans le cadre de l’organisation d’une conférence à l’ENA à Paris. Mon intervention portait plus particulièrement sur la laïcité et sur l’importance de cette valeur dans l’égalité Hommes Femmes. Cette conférence m’a permis de rencontrer un réseau de femmes motivées et déterminées à faire entendre leurs voix, en aucun cas supplétives de celles des hommes mais bien indépendantes.
En introduisant dans la constitution une disposition aux termes de laquelle « la loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives », la révision constitutionnelle du 8 juillet 1999 a ouvert la voie à l’adoption de lois favorisant l’exercice par les femmes des mandats politiques.
C’est d’ailleurs ce qui a permis la féminisation, que je qualifierai de timide, de certaines institutions. Au Sénat nous comptons 33% de femmes sénatrices avec 115 élues sur 348 postes. Lors de mon élection, en 2008, elles ne représentaient que 22% de l’hémicycle, contre 5.9% en 1999.
La révision constitutionnelle a en outre précisé dans sont article 4 que « les partis et groupements politiques contribuent à la mise en œuvre de ce principe dans les conditions déterminées par la loi ».
En érigeant en objectif constitutionnel l’égal accès des femmes et des hommes aux responsabilités électives, et en instituant une obligation pour les partis politiques de contribuer à sa mise en œuvre, elle a ainsi permis l’élaboration d’un édifice législatif qui repose essentiellement aujourd’hui sur deux grands types de mécanismes :
- la constitution paritaire des listes de candidatures lorsque le mode de scrutin le permet ; et
- pour les élections au scrutin uninominal, le recours à des pénalités financières imposées aux partis qui ne présentent pas une proportion suffisante de candidates.
Ces deux types de leviers se sont révélés, à l’usage, d’une efficacité très inégale et que l’on pourrait qualifiée d’inachevée.
La parité est un débat clé, c’est un objectif partagé par l’ensemble des partis politiques. Mais on vient de très loin. Voyez les pays scandinaves : notre retard est considérable par rapport à de nombreuses démocraties. Même si l’on peut se féliciter d’une avancée lors des dernières élections législatives :
A l’Assemblée, il y a 230 députées pour 577 postes soit 39,8, %. Au Sénat on compte 115 sénatrices pour 348 postes soit 33 %. Au Parlement européen, sur 74 députés français, 45.9% sont des femmes.
Vous voyez que le chemin reste encore long à parcourir jusqu’à la parité sans oublier de relever aussi le défi de la parité dans les instances décisionnaires. Au Sénat on compte, par exemple, 1 femme présidente de groupe parlementaire sur 7, 3 femmes vice présidentes sur 8 et 2 femmes présidentes de commission sur 7 mais aucune femme questeur sur les 3 postes, avec seulement 8 femmes sur 26 membres les réunions du bureau du Sénat sont très masculines.
Le corpus législatif a permis de « favoriser » ou « contraindre » car le partage des sièges politiques avec des femmes n’était pas naturel pour tout le monde !
La parité est certes plus facile à atteindre dans un scrutin de liste que dans un scrutin uninominal et c’est pourquoi elle a progressé dans les instances telles que les deux chambres du Parlement et les conseils régionaux. Même si la multiplication des listes ou des candidatures dissidentes ont été parfois utilisées pour contourner la parité …
Cependant, il ne faut pas réduire la question des femmes en politique aux quotas. Les avancées en termes de nombre de femmes élues qui sont souvent mises en lumière tant par les médias que par les responsables politiques, ne doivent pas masquer le fait qu’un blocage puissant persiste au niveau des fonctions exécutives, encore trop largement réservées aux hommes.
Cette légitimité les femmes doivent aller la conquérir. Au cours de mes visites dans les communes de Haute-Garonne, j’ai parfois plaisir à rencontrer des femmes élues qui, lors du choix des délégations d’adjoint au Maire, ne souhaitent pas être cantonnées aux délégations culture ou social, mais souhaitent au contraire briguer celles des finances ou bien être fléchée déléguée communautaire.
Aujourd’hui mon travail parlementaire et ma place au sein du Haut Commissariat à l’Egalité m’amènent à travailler sur la parité dans les intercommunalités. Il s’agit également de la thématique choisie par la Délégation aux Droits des Femmes au Sénat qui a consacré une table ronde à ce sujet le 17 janvier dernier.
Je vous encourage à lire sur le site du Sénat le contenu des échanges, Julia était d’ailleurs invitée à y participer et à contribuer à la rédaction des actes de cette journée.
La parité dans les intercommunalités qui sont devenues l’un des principaux échelons administratifs locaux, doit obligatoirement passer par la désignation de femmes aux postes de délégués communautaires. C’est une observation qui est loin d’être innocente car si l’on regarde de près les statistiques de la mandature actuelle, on ne compte que 18 % de femmes au sein des EPCI et seulement 7,5 % en sont présidentes !
Ici, en Occitanie, nous sommes un peu le contre-exemple avec Carole Delga, Présidente de Région, active et militante pour la cause des femmes en politique. Ainsi que Nadia Pellefigue, déjà 1ère Vice-présidente en charge des finances avec Martin Malvy, aujourd’hui élue active qui contribue par son action de terrain à encourager les femmes à se lancer dans la bataille !
Non seulement la féminisation des intercommunalités dépend des élections communales mais elle dépend aussi des femmes qui seront élues Maires car dans nombre d’intercommunalités, les communes rurales ne disposent que d’un seul siège, bien souvent occupé par le ou la Maire …
Vous le constatez, il n’est pas question que de renouvellement de génération politique mais il est question aussi de combat pour se donner les moyens d’accéder à une vraie parité en politique.
C’est pour cela que des journées comme celle-ci sont importantes, quand je lis les intitulés des ateliers proposés, je me dis que j’aurai gagné un temps précieux si de pareils réseaux avait existé quand j’ai fait mes premiers pas en politique ! J’aurais à coup sûr participé en priorité aux ateliers « s’affirmer en politique » et « faire passer son message face à un public » car il n’existe pas de modus operandi pour s’imposer dans son propre parti politique et parfois c’est là que c’est le plus dur !
« Animer et mobiliser une équipe » est complémentaire des deux premiers tant il est important de s’assurer l’adhésion d’une équipe tout au long d’un mandat. Les difficultés à faire durer sur 6 ans la cohésion d’un conseil municipal relève d’un vrai challenge. Le nombre croissant de démissions des Maires ou élus communaux est bien souvent lié à des problèmes de gestion d’équipes municipales avant d’être une crise de vocation.
Enfin, les deux ateliers dédiés à la connaissance des territoires et la compréhension des contraintes et des évolutions relèvent d’une évidence dans la pérennité du mandat. Comment être élu et surtout rendre son action efficace sans une connaissance approfondie du territoire et de la population qui y vit ?
Je ne serai pas plus longue car le débat qui suit sur les actions menées en Occitanie devrait être passionnant ! Vous y retrouverez entre-autres intervenantes ma collègue Maryse Carrère, Sénatrice des Hautes-Pyrénées, à qui je fais un clin d’œil amical ! Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une journée studieuse avec des échanges fructueux, je sais que l’équipe du réseau est toujours aussi motivée et nous fera vivre un beau moment.