Vers la suppression du CNESCO ?

Vers la suppression du  CNESCO ?

J'ai interrogé le Ministre de l'Education nationale pour dire ma désapprobation quant à la disparition annoncée du CNESCO, un Conseil national d'évaluation du système scolaire, outil pourtant indépendant et très opérationnel.

A l'occasion de l'examen du projet de loi pour une école de confiance, en cours au parlement, bientôt en discussion au Sénat en avril 2019, la mise en place d'un nouvel organisme d'évaluation interne au ministère semble compromettre l'avenir du CNESCO qui était pourtant un outil impartial et une ressources pour les parlementaires.

Ils avaient en effet la garantie d'un point de vue extérieur sur le fonctionnement du ministère et surtout sur l'orientation de la politique éducative engagée sur le terrain, dans les établissements scolaires au plus près du travail des enseignants.

 

Question écrite n° 09370 de Mme Françoise Laborde (Haute-Garonne - RDSE)

JO Sénat du 14/03/2019

Mme Françoise Laborde attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse la nécessité de pérenniser le conseil national d'évaluation du système scolaire (CNESCO) dans le projet de loi n° 1481 (Assemblée nationale, XVe législature) pour une école de la confiance actuellement en discussion au Parlement. Son avenir est compromis par l'article 9 dudit texte, qui prévoit la mise en place d'un nouveau conseil national d'évaluation directement rattaché aux services du ministère de l'éducation nationale.
Depuis 2013, les parlementaires ont pu apprécier à sa juste valeur la qualité du travail d'évaluation et d'analyse de cette structure indépendante pour améliorer le système scolaire.
Le CNESCO remplit trois missions : évaluer le fonctionnement et les résultats du système scolaire, diffuser ses avis, expertiser les méthodologies d'évaluation de l'éducation nationale, de façon scientifique et au plus près du terrain. Il prend seul l'initiative de ses sujets d'études et mobilise un large réseau : deux cent cinquante chercheurs, seize pôles universitaires, 1 260 praticiens sur le terrain, élus ou représentants d'élus.
Ses travaux sont attendus et reconnus par les parlementaires comme des outils opérationnels d'aide à la décision de haute valeur ajoutée. C'est aussi la nature participative de ses productions scientifiques qui en fait la spécificité et lui permet de formaliser des recommandations pragmatiques en liaison avec les besoins du terrain, par exemple grâce aux conférences de consensus. L'incompréhension de la communauté éducative face à la mort annoncée de cette ressource précieuse est unanime. Syndicats d'enseignants, chefs d'établissement, associations de lycéens et d'étudiants, fédérations de parents d'élèves l'ont fait savoir fin 2018.
Son remplacement par le conseil d'évaluation de l'école répond à la recherche d'une meilleure coordination des politiques d'évaluation, au sein du ministère, notamment celles des établissements, ce qui est nécessaire. Les services internes disposent déjà de moyens très conséquents pour remplir cette mission, avec 400 postes équivalents temps plein (ETP) : 134 à la DEPP et 242 postes d'inspecteurs généraux en 2016.
Supprimer le CNESCO qui mobilise neuf ETP et seulement 345 000 euros, par an, marquerait la fin d'une évaluation neutre du système éducatif et fragiliserait fortement la crédibilité des avis publiés par le futur conseil d'évaluation.
En septembre 2018, le rapport d'information n° 1265 (XVe législature) publié par le comité d'évaluation des politiques publiques de l'Assemblée nationale encourageait, au contraire, à élargir les missions du CNESCO et à renforcer ses moyens.
Aussi, elle considère que la création d'un nouveau comité ministériel de coordination ne doit pas se faire au détriment d'un outil d'évaluation externe ayant fait ses preuves pour contribuer à améliorer les pratiques éducatives sur le terrain et faire évoluer les politiques éducatives en vue de réduire les inégalités entre les élèves, sur l'ensemble de notre territoire.
Si les missions du CNESCO et du futur conseil d'évaluation de l'école sont différentes, elles n'en sont pas moins complémentaires, c'est pourquoi elle lui demande de pérenniser le CNESCO dans la loi pour une école de la confiance en tant qu'acteur indépendant, répondant ainsi aux exigences de transparence de la vie publique et de participation des acteurs de terrain à la conception des politiques publiques. Le cas échéant elle redoute que ne soit brisée la confiance dans la politique éducative menée par le Gouvernement.