Plan de licenciements massifs du groupe Solocal

Plan de licenciements massifs du groupe Solocal

Publiée au Journal Officiel du 30 mai 2018,

voici le texte de ma question n° 05232 - 31/05/2018

Mme Françoise Laborde attire l'attention de M. le ministre de l'économie et des finances sur le traitement dramatique des salariés du groupe SoLocal, détenteur de l'annuaire «pages jaunes». Le plan social annoncé prévoit la suppression de 1 000 postes sur les 4 400 actuels, sur les vingt-trois sites recensés en France aujourd'hui, seuls sept grands hubs existeront à l'horizon 2019.

La direction du groupe justifie sa restructuration par la recherche d'efficacité d'un nouveau projet industriel mais il n'en est rien car le virage du numérique a été pris depuis bien longtemps et le groupe « pages jaunes » est déjà le partenaire privilégié de la communication numérique locale des professionnels. Il ne s'agit donc pas d'intérêt social mais bien financier quand on sait qu'au lendemain de l'annonce du plan social, SoLocal publiait un bénéfice net de 336 millions d'euros en 2017.

Elle a rencontré dans son département des salariés excédés, épuisés qui vivent un nouvel épisode tragique de l'histoire de leur entreprise depuis sa privatisation en 2006. Ils ont le sentiment d'avoir été les spectateurs impuissants d'un véritable siphonnage à la fois de leurs capitaux et de leurs compétences. En effet, SoLocal est encore aujourd'hui le leader européen de la communication digitale locale, par la masse de données économiques qu'il détient ; son intérêt stratégique est indéniable. C'est d'ailleurs à ce titre que cette entreprise a pu bénéficier du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE).

Devant l'urgence économique, stratégique et surtout sociale, elle lui demande de mettre en place tout ce qui est en son pouvoir pour favoriser un dialogue social afin de préserver les intérêts de cette entreprise et de ses salariés.

 

Réponse du Ministère de l'économie et des finances - 12/07/2018

Le modèle économique historique de SoLocal, la vente d'annonces publicitaires dans des annuaires, est en déclin depuis de nombreuses années. Si l'entreprise a su prendre le virage numérique il y a plus de dix ans et réalise aujourd'hui plus de 85 % de son chiffre d'affaires dans le digital, le chiffre d'affaires global est en repli depuis plusieurs années. Ainsi, il s'est établi à 750 millions d'euros en 2017, en retrait de 7 % par rapport à 2016. Pour retrouver de la croissance sur le marché de la publicité digitale largement dominée par des acteurs américains du numérique, SoLocal a fait le choix de renforcer son offre de services digitaux en développant des plateformes technologiques innovantes et en revoyant sa stratégie fondée, jusque-là, sur des relations de proximité avec ses clients. Ces évolutions organisationnelle et culturelle exigent des investissements importants et des profils de collaborateurs : développeurs Web, data scientists, community managers ou encore des gestionnaires de contenus multimédia, différents des commerciaux de régie publicitaire qui composent la majorité de son effectif. La restauration de ses capacités d'investissement soutiendra l'arrivée de ces nouvelles compétences. Pour mettre en œuvre cette stratégie, l'entreprise doit réduire ses coûts fixes, notamment en rationalisant ses implantations. La nouvelle organisation basée sur la concentration d'activités de téléventes, sur un support clients omnical et la consolidation des activités marketing, prévoit la suppression des agences locales trop petites. Le Gouvernement souhaite la réussite du projet de redressement de SoLocal, qui doit lui permettre de renouer avec la croissance, de créer de l'activité et des emplois pérennes tout en répondant à de réels besoins des TPE/PME sur l'ensemble du territoire. Par ailleurs, le Gouvernement sera particulièrement vigilant à ce que l'entreprise respecte les engagements du plan social, qu'elle maintienne un dialogue afin d'offrir à ses collaborateurs un réel accompagnement pour la suite de leur vie professionnelle et qu'elle propose des solutions aux salariés qui ne pourraient pas s'inscrire dans l'accélération du virage numérique pris par l'entreprise.